Le Cercle Rouge
Un film de Jean-Pierre Melville
Avec Alain Delon, Yves Montand, André Bourvil, Gian Maria Volonte, François Périer…
« Quand des hommes même s'ils s'ignorent, doivent se
retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d'entre eux, et ils peuvent
suivre des chemins divergents. Au jour dit inexorablement, ils seront réunis
dans le cercle rouge » Krishna
C’est sur cette
phrase que débute Le Cercle Rouge, chef d’œuvre du film policier français, un
sommet dans la carrière de Melville avec Le Deuxième Souffle et Le Samouraï.
Rares, pour ne pas dire inexistants, sont les films français tournés depuis qui aient cette force. On retrouve aujourd’hui chez Michael Mann (Collateral, The Insider) le sens du style épuré, la dimension quasi-christique des personnages et ce destin implacable qui se dessine au fil des minutes. Un cinéma radical qui ne se pose pas en juge mais en témoin.
Le Cercle Rouge raconte l’histoire d’un truand, qui s’échappe d’un train lors de son transfert dans le Sud. Gian Maria Volonte.
Le Cercle Rouge raconte l’histoire d’un autre truand, tout juste sorti de prison mais déjà responsable d’un crime. Alain Delon.
Le Cercle Rouge raconte l’histoire d’un ex-policier, ayant sombré dans l’alcool. Yves Montand.
Le Cercle Rouge raconte l’histoire d’un policier, qui va tendre aux trois premiers un piège pour contrecarrer leurs plans. André Bourvil.
Le Cercle Rouge, c’est déjà cette histoire, simple en apparence, une histoire d’hommes qui se battent les uns contre les autres, qui se pourchassent et qui se trouvent à un moment de la vie, de l’histoire.
Le film de Melville allie la rigueur métronomique du film d’action et la grandeur d’une fresque religieuse. Grâce aux comédiens, magnifiques, poignants, l’émotion ne faiblit jamais. Alain Delon, celui de la grande époque, Yves Montand, impeccable, André Bourvil, qui trouvait là son dernier rôle à l’écran mais sans doute le meilleur de sa carrière, celui du flic obstiné, qui malgré les vents contraires naviguait avec ses idées, tout en supportant la maladie qui l’emportait. On ne peut s’empêcher d’éprouver une certaine émotion en le voyant chez lui avec ses chats, ses compagnons, les compagnons d’un homme isolé, pour qui le travail représente toute sa vie.
Melville réalise un polar sombre, une tragédie en plusieurs actes.
Tout d’abord, il y a celui parallèle de la rédemption d’un homme, qui sort de prison par la grande porte, après avoir souffert l’enfermement. Un autre homme lui s’échappe lors de son transfert en train. Les deux se connaissent et vont se croiser fortuitement sur les routes.
Ils s’allient alors pour le pire, monter un coup proposé par un gardien de prison, le vol d’une bijouterie de la place Vendôme, avec l’aide d’un ex-policier alcoolique, remarquable tireur passé du côté du banditisme.
Face à eux, le flic à qui a échappé l’évadé, obstiné et rusé. A la recherche d’un homme, il va se retrouver à traquer un vol et trois hommes.
Le Cercle Rouge mérite son rang de chef d’œuvre. Son scénario est remarquablement ciselé par Melville, les dialogues sont comme chez Mann que secondaires, tout passe par les regards, l’action, l’atmosphère. Un scénario qui se veut épuré de son essence linguistique pour ne garder que l’essentiel.
Melville fait preuve une nouvelle fois d’une grande maîtrise du cadre, qu’il filme un train ou le casse de la bijouterie. Un sens de la réalisation qui apporte le réalisme nécessaire à un film comme celui-ci.
L’interprétation est excellente et ne fait qu’ajouter à la classe qui se dégage de cette œuvre.
Melville est un des plus grands cinéastes français et Le Cercle Rouge un film du patrimoine cinématographique français et mondial. John Woo souhaite en faire un remake, étant un admirateur de l’original, pourtant est-ce bien nécessaire ?
Le Cercle Rouge est un film à voir absolument pour toute personne qui aime le cinéma. Incontournable dans la filmographie de chacun de ses comédiens.
Arnaud Meunier
13/08/2005